CELINE: nord

Publié le par Sabat

celine-1.pngEvoquer son admiration Célinienne, c’est s’exposer au principe de contestation, soulever de vives polémiques, provoquer une nausée qui ne dit pas son nom et, en fin de compte, devoir s’en expliquer avant la naissance de tout malentendu.

 

Il y  a d’un côté l’écrivain et de l’autre, l’homme, le génie stylistique et les idéologies répugnantes. Il faut se positionner coûte que coûte pour éviter les pamphlets. Pour ou contre Céline ? Bref, le débat sort la littérature de son champ d’action et l’expose à l’histoire, à une image incompatible avec la France d’aujourd’hui, une image à la fois confuse et envahissante.

 

Choisir un camp, tel semble être le défit avec Céline, cet homme étranger au monde de la culture, dont la seule vocation était la médecine : Il ira jusqu’à dire « J’ai un don pour la littérature, mais pas de vocation pour elle. Ma seule vocation, c’est la médecine, pas la littérature ». On devra donc dépasser cette opacité, cette colère justifiée, pour plonger dans l’œuvre de Céline.

 

Mais pourquoi choisir Céline au 21ième siècle ?

 

Tout simplement parce que sa littérature est à cœur ouvert, vivante comme jamais, brûlante, charnelle, explosive. Gaëtan Picon la compara comme « l’un des cris les plus insoutenables que l’homme ait jamais poussé ». Finalement, elle se vit comme une expérience unique. Incomparable ! Et c’est cela le plus précieux chez Céline, cette écriture animale, ce côté tranchant, ce lyrisme verbal, cette musicalité à la fois inqualifiable et unique en son genre, que l’on retrouve dans son « voyage au bout de la nuit » ou « Nord ». CELINE.jpg

 

Nord est d’ailleurs l’ultime roman publié du vivant de Céline. En réalité, il fait plutôt partie des trois volets du même : d’un château l’autre (1957), nord (1960) et rigodon (1969).

 

Nord nous fait découvrir le parcours de plusieurs personnages à travers les désastres de la guerre, dans une Allemagne subissant les bombardements des alliés.

 

Ici, la force de Céline vient qu’il c’est forgé un langage à la mesure de son cynisme, fondé sur l’argot, jouant avec les règles de syntaxe et de ponctuation. Céline, c’est avant tout un souffle, un rythme, un bouillonnement à l’état brut, une éruption volcanique, une émotion déchirante, parfois brutale.

 

Bref, Nord est une œuvre grandiose et sincère, partagée entre mémoire et prophétie.

 

A vous de vous en faire une idée.

Publié dans Patchwork littérature

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