DÄLEK from filthy tongue of gods and griots
J’ai toujours apprécié l’idée de diversité, en art, en musique bien évidemment et dans la vie en général. Comprenez par là-même que je suis un ardent adversaire du communautarisme sous toutes ses formes, d’Eva Jolly également pour certaines de ses propositions stupides allant dans le sens du communautarisme ou de certains qui, par exemple, rêvent d’une ville gothique avec des tulipes noires et des balcons noirs.
Cette diversité m’a conduit à faire des choix parfois étranges, énigmatiques, pas toujours très bien compris au sein des communautés rock. A partir du moment où vous aimez une musique particulière, n’importe laquelle en fait, vous êtes automatiquement relié à la communauté et vous devez alors vous conduire selon les règles érigées (On ne sait jamais par qui), aimer tel truc, détester tel machin... Cela est également vrai en politique.
J’ai parfois pensé que le Rap, ce n’était pas ce repoussoir commercial qu’on nous inflige à la radio ou à la télé à longueur d’année, mais je me suis bien gardé de le dire autour de moi. Ça ne m’était pas déplaisant à imaginer dans mon univers Rock. Les gens sont parfois très hypocrites d’ailleurs. Ils ont une mauvaise opinion envers le Rap mais ils adorent Epic de Faith No More ou vénèrent Londinium d’Archive. C’est tout de même étrange comme attitude. Mais entre penser et écouter, il y a un énorme pas à franchir tout de même.
Il aura fallu du temps en effet avant d’acheter la bête, Dälek, à me tâter, trouvant cette musique foncièrement moins stupide que ce que j’avais pu parfois écouter en matière Rock, Metal ou Prog, mais tellement Rap, notamment dans le phrasé. J’aimais bien mais, dans mon esprit, ça demeurait du Rap, c’est-à-dire de la musique « interdite ». Et puis, finalement, on sent à travers cet album une somme incroyable de qualités, une véritable recherche esthétique, un esprit véritablement avant-gardiste, un désir de dépassement, alors on finit par céder… On est franchement interloqué, dès Spiritual healing, aux tonalités industrielles et bruitistes, on pourrait évoquer là un acte incestueux entre le Hip Hop et le Post rock. Black smoke rises est la pièce la plus audacieuse du lot, une déflagration hypnotique, lente et tendue qui évoque une friche industrielle.
Du hip hop sous influence Black Sabbath, sombre et étouffant, chaotique et poétique, un mariage entre shoegaze et l’univers urbain propre au Hip Hop. Dälek dresse finalement un pont entre Public Enemy et les Young Gods.
En réalité, je me demande bien à quel type de fan peut s’adresser un tel album… Peut-être à ceux qui n’aiment pas le Rap, justement.